Le Ministre des Finances Dr Ahmat JIDOUD a procédé le mercredi 23 février 2022 à l’ouverture officielle de la journée annuelle de diffusion des comptes extérieurs du Niger pour l’année 2020. Cette diffusion des comptes vise à donner un éclat particulier eu égard à l’importance de la balance des paiements, comme instrument pour l’analyse et la formulation des politiques économiques.
La cérémonie s’est déroulée au Ministère des Finances à la salle de conférence Saïdou Sidibé en présence du Secrétaire Général du Ministère des Finances et de son adjoint, du Directeur national de la BCEAO, des Directeurs Généraux, nationaux, centraux et Responsables des structures rattachées du Ministère des Finances, du Président de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Niger, des représentants des institutions internationales et de plusieurs participants en ligne.
Dans son allocution introductive, le Directeur National de la BCEAO a tout d’abord remercié le Ministre des Finances pour avoir bien voulu accepter de présider cette cérémonie, ce qui témoigne de son ferme engagement en faveur de toute initiative visant l’amélioration des performances macroéconomique du Niger.
L’objectif de cette journée, instituée par les autorités de la Banque Centrale dans les huit Etats membres de l’Union, est de faire assurer une large diffusion des comptes extérieurs, dans un cadre formalisé et harmonisé au sein de l’UEMOA a dit le Directeur National. Cette démarche permet aussi de mettre en place un espace d’échanges et de réflexions sur les problèmes et les opportunités économiques reflétés dans le profil des comptes extérieurs et leur évolution.
La balance des paiements est un puissant outil statistique, indispensable pour mesurer les performances économiques d’un pays vis-à-vis de l’extérieur et partant, d’identifier les facteurs de déséquilibres internes et externes. Elle permet, par ailleurs de mettre à jour la dynamique de spécialisation empruntée par une économie, au regard de ses dotations en ressources de base et des opportunités offertes par les marchés extérieurs. La balance des paiements s’avère être un instrument de premier plan pour la formulation et la mise en œuvre de politiques économiques a affirmé le Directeur National.
Les informations issues de l’analyse de ses soldes caractéristiques contribuent d’une part, à la mise en œuvre de la politique monétaire par les autorités et d'autre part, à l’élaboration des politiques industrielle, commerciale et fiscale par les autorités nationales. A ce stade, il apparaît fondamental de disposer de statistiques fiables, pour s’assurer de la justesse des mesures prises par les autorités concernées.
C’est donc le lieu a dit le Directeur National de s’adresser aux producteurs de données que sont les chefs d’entreprises et tous les autres partenaires pour qu’ils soient pleinement convaincus que la qualité des informations fournies, à travers les questionnaires qui leur sont administrés, conditionne non seulement une meilleure connaissance du paysage économique, mais également la pertinence des décisions prises pour améliorer l’environnement économique dans lequel ils évoluent.
Il a enfin réaffirmé la confidentialité observée dans le traitement des informations recueillies, publiées de manière agrégée et qui ne sauraient en aucun cas, être utilisées à d’autres fins.
Dans son discours d’ouverture à cette 14ème édition consacrée à la diffusion des comptes extérieurs du Niger pour l’exercice 2020, le Ministre des Finances a rappelé que cette journée vise à donner un éclat particulier à la diffusion des comptes extérieurs, eu égard à l’importance de la balance des paiements, comme instrument pour l’analyse et la formulation des politiques économiques et qui est de plus en plus connue des décideurs politiques et des acteurs du secteur privé.
Il a souligné qu’à travers une telle démarche, les agents économiques, producteurs des données de base, réalisent que les informations communiquées dans le cadre de l’établissement de la balance des paiements débouchent sur un document d’une grande utilité a dit le Ministre des Finances.
Le Ministre a affirmé que les comptes extérieurs offrent un résumé sommaire de l’économie nationale, faisant ressortir les secteurs les plus dynamiques à l’exportation au cours de la période considérée, mais aussi les moins performants, justifiant une attention particulière des autorités économiques et monétaires. A cet effet, l’analyse des soldes caractéristiques de la balance des paiements permet une bonne appréciation du profil de nos échanges économiques avec l’extérieur. Au cours de l’année 2020, l’évolution des échanges extérieurs du Niger avec le reste du monde s’est ressentie du contexte de la pandémie de la Covid-19.
Il a relevé dans son intervention que le solde global de la balance des paiements du Niger est ressorti déficitaire de 80.0 milliards, après un résultat excédentaire de 317,9 milliards enregistré en 2019. Cette évolution est imputable principalement à la dégradation du compte financier et à celui du revenu secondaire, conjugué à une détérioration de la balance des biens et services.
La situation de nos comptes en 2020 reflète, pour l’essentiel, la chute des investissements directs étrangers et des investissements de portefeuille, après la dynamique amorcée dans le cadre notamment de la Conférence de l’Union Africaine au Niger. En outre, la baisse des transferts publics et privés, particulièrement des aides budgétaires et les réceptions des ONG, a accentué cette tendance, a poursuivi le Ministre des Finances.
Le résultat enregistré traduit le déficit structurel du compte des transactions courantes de l’économie de notre pays, qui s’est accru de 13,4%, porté principalement par la balance des biens et services et le compte du revenu secondaire. La dégradation du déficit commercial entre 2019 et 2020 résulte de la hausse des importations, conjuguée à une baisse des exportations, dit-il.
Les exportations, ressorties à 642,3 milliards, ont connu une baisse de 2,6%, en raison principalement de la contraction des ventes des produits agropastoraux et pétroliers, malgré l’accroissement des expéditions uranifères et aurifères. Concernant les importations, le niveau des commandes est ressorti en de 4,2% par rapport à l’année 2019.
Poursuivant son discours, le Ministre des Finances a indiqué que le contexte sanitaire mondial a également provoqué un creusement du déficit de la balance des services en 2020, en ligne avec la progression des dépenses en fret et assurance, conjuguée à la balance des recettes touristiques.
L’excédent de la balance du revenu secondaire a été moins important en 2020, en ressortant à 343,4% milliards contre 368,4% milliards un an plus tôt, en lien avec la baisse des transferts publics et privés, notamment les aides budgétaires et les réceptions des ONG.
Il a souligné, que l’excédent des échanges financiers, qui avait atteint 873,9 milliards en 2019, s’est réduit à 563,6 milliards en 2020, en ligne avec la chute des Investissements Directes Etrangers (IDE) et des investissements de portefeuille. La cadence des IDE a été ralentie par les restrictions imposées par les Etats, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19.
Toutefois, le compte de capital s’est mieux comporté en 2020, avec un solde établi à 406,0 milliards contre 369,8 milliards en 2019, porté essentiellement par les transferts en capital reçus par l’Etat.
Il a fait noter que le profil des comptes extérieurs du Niger demeure caractérisé par un solde des transactions courantes déficitaire, dont la principale cause reste le déficit commercial. Le caractère structurel de ce déficit courant et la faiblesse de nos exportations nous interpellent sur la nécessité de mettre en œuvre des mesures d’envergure, destinées à améliorer sensiblement l’appareil productif du Niger et renforcer la compétitivité des entreprises orientées vers l’exportation.
A la fin de son discours, le Ministre des Finances a souligné que la poursuite des réformes engagées par le Gouvernement notamment dans le cadre de l’optimisation des opportunités offertes par l’opérationnalisation de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf), et la mise en œuvre de la stratégie de diversification des filières productives contenue dans le Programme de Renaissance Acte III contribueront à atteindre cet objectif.
Issaka Namaya
DACD/RP/MF