Conférence sur la Gestion et la prévention des Conflits dans les locaux de la Banque Mondiale : «Le Niger notre pays est en première ligne de cette lutte contre le terrorisme dans le Sahel» indique le ministre Massoudou Hassoumi

Le ministre des Finances, Massoudou Hassoumi, qui se trouve depuis quelques jours à Washington où il assiste aux Assemblées générales annuelles des Institutions de Bretton Woods, poursuit son séjour dans la capitale américaine.

Samedi dernier, en marge des travaux des assemblées générales annuelles, le ministre a participé à une conférence sur ''la Gestion et la Prévention des Conflits'', dans les locaux de la Banque Mondiale, en compagnie de 7 panélistes de haut niveau représentant la Banque Mondiale, les Nations Unies et des pays européens (France, Allemagne, Suède et Pays Bas).

Plusieurs questions importantes ont été passées en revue par les 8 panelistes. Il s'agit entre autres de trouver les voies et moyens pour passer de l'alerte rapide à l'action précoce ; comment inciter les partenaires à intervenir tôt et de manière soutenue ; comment mettre en cohérence les actions de prévention, de médiation ainsi que celles de sécurité et de développement, etc.

Intervenant tout juste après l'introduction, Mme Georgina CEO de la WBG s'est penchée sur le cas du sud Soudan, considéré comme l'un des pays les plus pauvres qui enregistre une forte croissance du taux de pauvreté, qui est passé d'environ 39% à plus de 71%, en raison de l'incidence des conflits. Trop de gens paient le prix fort. Pour Mme Georgina, ce conflit est lié à l'exclusion sous ses différentes formes et la faiblesse des opportunités de développement économique.

Recevant le premier la parole, le ministre Massoudou Hassoumi a introduit ses propos sur la politique sécuritaire et de prévention que mène le Niger depuis plusieurs années. En effet, a-t-il souligné, dès l'arrivée au pouvoir en 2011, le Président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou, et la diplomatie nigérienne étaient montés au créneau pour attirer l'attention de la communauté internationale sur les risques graves qui découleraient de la déstabilisation de la Libye.

Malheureusement, la position du Niger, n'ayant pas été suivie très tôt, le Gouvernement était obligé de faire un choix drastique pour assurer une stabilité permanente dans notre pays. Cette anticipation face à la crise libyenne a induit des efforts importants en termes de dépenses sécuritaires, efforts qui se sont intensifiés avec l'éclatement de la crise au Nord Mali. L'action sécuritaire n'était pas la seule réponse apportée, le Gouvernement a mis en place des mécanismes de sauvegarde visant le maintien de la cohésion nationale. En outre, un dispositif national de gestion de crise, a permis d'apporter une réponse humanitaire rapide et efficace pour l'action sociale.ministère des finances participants panel

En effet, le Niger s'est retrouvé avec plus de 200.000 réfugiés venus de la Libye et par la suite plus de 100.000 réfugiés en provenance du Mali. Le Ministre Hassoumi a poursuivi en indiquant que les circonstances ont forcé le Niger d'être en première ligne dans la guerre contre Boko Haram. Pour la gestion de ces trois foyers d'insécurité dans un espace géographique distant de plusieurs milliers de kilomètres, en plus des mesures sécuritaires, il a été engagé un dialogue permanent et une prise en charge adéquate des réfugiés. Ces actions pèsent lourdement sur les finances publiques ; les dépenses de sécurité représentent en moyenne plus de 15% des dépenses totales sur les cinq dernières années. Les interventions qui ont suivi, ont permis de discuter sur la nécessité de passer de la théorie au concret, par l'amélioration de la gouvernance qui doit être bonne et transparente et la nécessité que les gens aient accès à l'eau potable, à la terre pour prévenir le sentiment d'exclusion propice à l'éclatement des conflits. A cet égard, il est crucial de surveiller ce qui se passe dans ces zones de conflit afin de pouvoir fournir une aide financière à ces pays. La coordination des partenaires est également importante pour améliorer les résultats en termes de résolution de conflit. Le cas du G5 Sahel a été évoqué comme exemple ou la coordination des partenaires pourrait permettre d'avoir des résultats positifs rapidement. La résolution et la prévention des conflits n'est pas seulement sécuritaire, pour le ministre Massoudou Hassoumi, des actions de développement s'imposent à travers la mise en œuvre des stratégies, telles que l'Initiative 3N : les Nigériens Nourrissent les Nigériens visant la résilience des populations, qui pour le cas du Niger sont soumises aux rigueurs des chocs climatiques, la construction des infrastructures, notamment dans l'énergie et les transports. Au Niger, il a été également mis en place une Autorité de consolidation de la paix, participantsvisant à conduire des actions décentralisées de développement et de lutte contre les inégalités et les fragilités sociales, en vue d'accroître le sentiment d'appartenance à une seule Nation et une communauté de destin. Ces actions ne peuvent être menées sur la base de ressources internes très insuffisantes. Le ministre des Finances a plaidé pour un renforcement du soutien financier des partenaires extérieurs. Il a invité les bailleurs à se joindre à la table ronde de financement du nouveau Plan de développement économique et social (2017-2021), prévue à Paris les 13 et 14 décembre 2017. Un focus spécial sera consacré aux investisseurs privés, qui sont invités à venir découvrir les énormes potentialités dont regorge le Niger.

ministère des finances participants

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour conclure, le représentant de la Banque Mondiale au sein du panel a indiqué qu'il faudra chercher à comprendre la complexité de tout conflit. A cet effet, le groupe bancaire mondial double son soutien dans les États fragiles. A l'issue de cette rencontre d'échanges, des recommandations pertinentes pour les acteurs du développement ont été formulées. Il s'agit de la prévention des conflits qui nécessite une attention soutenue dès les premiers risques de crise. Cette prévention appelle des interventions dans divers domaines : partage du pouvoir et des ressources, accès aux services, promotion de la sécurité et de l'Etat de droit. Les actions de coordination des interventions sont également nécessaires, en brisant les cloisonnements entre les acteurs de la sécurité, du développement, de la médiation et de la diplomatie. La politique économique et sociale est aussi une grande partie du succès dans la prévention des conflits, en promouvant les actions de création de richesse et de lutte contre la pauvreté. Pour cela, une adaptation des politiques de développement et des programmes de prévention est nécessaire.

Source : Tamtaminfo.com