Pour une gestion saine des finances publiques
Conformément aux directives de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le Niger a introduit dans la gestion de ses finances publiques un certain nombre de réformes. La comptabilité unique du trésor dont l’objectif est d’améliorer l’efficacité dans la gestion des finances publiques d’une part et de renforcer la crédibilité de l’Etat vis-à-vis de ses partenaires d’autre part, figure au nombre de ces réformes.
Cette nouvelle mesure qui défraie la chronique ces derniers temps est au programme d’un séminaire qu’organise à Niamey du 22 au 26 janvier, le Département Finances publiques du FMI en collaboration avec le Trésor du Niger au profit des cadres du Trésor nigérien et des représentants des institutions bancaires de la place. C’est le Directeur Général du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), M. Issa Djibo qui a présidé l’ouverture de ce séminaire en présence des représentants de la Délégation de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International.
Le Compte Unique du Trésor est un compte sur lequel sont déposés l’ensemble des fonds publics. Ce n’est en fait pas un compte unique, mais la vision consolidée de l’ensemble des comptes ouverts au nom des entités publiques dans les livres de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et ceux du Trésor. A l’ouverture des travaux du séminaire, le DGTCP a apporté une précision et des détails à ce sujet précisant que le Compte Unique du Trésor constitue une étape clé dans le dispositif de rénovation de l’Etat. «la réforme du compte unique du trésor n’est pas inédite, encore moins spécifique au Niger », a relevé M. Issa Djibo. Ce type de réforme, a-t-il ajouté, a été mené dans la totalité des pays d’Europe dans les années1990 et 2000, et est déjà initié dans de nombreux pays de la sous-région en l’occurrence au Sénégal et en Côte d’ivoire.
En outre, le compte unique est créé au Niger et fonctionne grâce à la volonté du gouvernement de concentrer d’une part les efforts de l’Etat sur la mobilisation des ressources publiques encore disséminées, et d’autre part, optimiser son fonctionnement de façon à ce que la qualité du service rendu soit irréprochable. C’est à cette condition que la gestion des finances publiques sera saine. Mieux, la concentration des ressources sur un seul et même compte offre aux décideurs une vision consolidée des finances publiques et permet de ce fait d’optimiser la gestion de la trésorerie au quotidien tout en bénéficiant de toutes les ressources liées aux fonds publics dont le législateur a prévu qu’ils soient intégralement déposés au trésor, a expliqué le directeur général du Trésor et de la Comptabilité Publique.
Par ailleurs, la concentration des fonds publics liée au compte unique limite le recours à l’emprunt et permet à l’Etat de se financer à moindre coût, à de meilleures conditions de marché. La mise en œuvre du compte unique du trésor, a relevé M. Issa Djibo est donc indissociable de deux autres reformes clés que sont l’amélioration de la gestion de la trésorerie et l’amélioration de la gestion de la dette de l’Etat. La conduite de ces trois reformes, étroitement imbriquées, nécessite également des évolutions techniques, conduites en partenariat avec la BCEAO. Ainsi, la modernisation des systèmes de. paiement, à la fois de gros montants, avec Star UEMOA, et de masse avec SICA, est désormais une réalité.
Pour sa part, le représentant du Fonds Monétaire International, M. Fabien Conquet, économiste au Département des Finances publiques, a justifié la pertinence du choix du Niger à introduire, dans la gestion des finances publiques, le compte unique du trésor. En effet, le regroupement de l’ensemble des ressources publiques dans un seul compte permet non seulement à l’Etat d’avoir une meilleure visibilité et une meilleure compréhension de l’état de ses finances et lui permet aussi d’assurer une gestion active de sa trésorerie et de sa dette. C’est la raison fondamentale pour laquelle le Fonds Monétaire International soutient l’engagement du gouvernement nigérien à imprimer une nouvelle forme de gestion des finances publiques dont le résultat vise à améliorer substantiellement la gouvernance financière.
Auparavant, la représentante de la Délégation de l’Union Européenne, Mme Sandrine Pierloz s’est félicitée des avancées remarquables enregistrées par le Niger depuis le dernier trimestre 2016 dans le cadre la réforme des finances publiques. Il s’agit notamment de la clôture des comptes dormants ; la convention BCEAO et le ministère des Finances signée le 6 décembre 2016 ; la signature d’une convention tripartite avec une banque caissière de l’Etat qui sera sélectionnée par appel d’offre ; l’acquisition et l’installation du matériel informatique et technique pour l’interconnexion BCEAO-Trésor et enfin la connexion de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique au système de paiement SICA UEMOA et Star UEMOA. « Nous invitons simplement le gouvernement du Niger et les services du Trésor public à poursuivre l’amélioration de la communication et la sensibilisation des acteurs afin de couper court aux différentes spéculations et incompréhensions de certains acteurs », a suggéré Mme Sandrine Pierloz.
Source : ONEP (Hassane Daouda).