Nouvelle règlementation sur les évacuations sanitaires au Niger

Une décision largement partagée et saluée par la presse dans la sous-région.

La décision du gouvernement issue du Conseil des ministres du 16 mars dernier, portant sur la nouvelle réglementation relative aux évacuations sanitaires à l’extérieur, a eu des échos favorables dans la presse internationale. Tandis que plusieurs médias occidentaux ont largement relayé l’information, la presse de la sous-région ouest africaine, a, elle, vivement accueilli et unanimement salué cette décision comme étant un bon exemple qui doit faire tâche d’huile dans tous les pays africains

Annoncée sans tambour ni trompette, la nouvelle a tout de même eu un sacré écho, au Niger comme dans la sous-région », estime une consœur de la Rédaction en ligne du quotidien ivoirien Fraternité Matin. Dans cet article titré "Se faire soigner ici ou ailleurs ?” et mis en ligne le 24 mars dernier, FratMat.info a d’abord rappelé l’intervention faite par le ministre de la Santé Publique, M. ldi llliassou Mainassara, à l’issue du Conseil des ministres du 16 mars 2018, à Niamey, par laquelle il annonçait que désormais, avant toute évacuation sanitaire à l’extérieur du pays, l’Hôpital général de référence de Niamey donnerait son avis concernant « la nécessité ou pas de faire recours aux hôpitaux étrangers ». Citant le ministre llliassou Mainassara, l’article ajoute que « pour montrer le bon exemple, il a été décidé que désormais, les ministres et les députés ne feront l’objet d’évacuation aux frais de l’État que dans la mesure où les prestations concernées ne peuvent être fournies par l’Hôpital général de référence ».

En filigrane de cette décision, souligne l’article, se trouve « la volonté des autorités du Niger de réduire la facture des évacuations sanitaires à l’étranger, qui a coûté en 2016 quelque 7,5 millions d’euros à l’État. Alors que dans le même temps, le Président Mahamadou Issoufou inaugurait, en août 2016, l’Hôpital général de référence à Niamey, financé par la Chine à hauteur de 68 millions d’euros, disposant d’une capacité de 500 lits ainsi que d’une douzaine de blocs opératoires ».

FratMat.info fait allusion à un autre article paru dans le quotidien d’information du Burkina Faso "L’Observateur Paalga” sous le titre « Le Niger montre la voie ».

Dans cet article, "L’Observateur Paalga" a émis l’espoir « que nos autorités (NDLR : du Burkina Faso) en prendront de la graine, ne serait-ce qu’en pensant à ériger un centre de santé de bonne qualité ». Aussi, faisant allusion au contexte burkinabé, le journal rappelle que « pas un mois ne passe sans qu’on apprenne par les canaux officiels ou officieux qu’un bonze de l’État est parti dans tel pays, la plupart du temps occidental, pour se soigner ou pour, excusez du peu, un check-up, entendez par là un bilan de santé. Et aux frais du contribuable ! ».

L’article de FratMat.info se réfère également au site d’information Seneweb qui a rebondit sur cette décision prise par les autorités nigériennes avec un article titré : « Évacuations sanitaires des ministres : et si Macky imitait Issoufou du Niger ? ». Jetant un regard plus large sur l’ensemble des pays du continent, notre consœur ivoirienne note que "les élites francophones se pressent dans les meilleurs cliniques et autres hôpitaux militaires de la région parisienne. Tandis que les en-haut d’en haut d’Afrique anglophone s’envolent en toute discrétion du côté de la Grande-Bretagne, des États-Unis, mais aussi de l’Afrique du Sud ou de Singapour ». Puis de se poser cette question : « mais est-ce bien raisonnable que les responsables politiques et économiques snobent les hôpitaux de leurs propres pays pour aller se faire soigner à grands frais sous d’autres cieux ? Imaginons un instant le président français Emmanuel Macron aller se faire soigner à Dubaï, ou le roi d’Espagne envoyer son épouse accoucher à Nairobi ? Leurs compatriotes seraient choqués par une telle défiance à l’égard de leurs propres infrastructures sanitaires. Sur le continent africain, ce sont précisément les responsables politiques, élus pour veiller au bien-être de leurs populations, qui migrent pour se faire soigner ailleurs, tout en condamnant leurs compatriotes à des hôpitaux-mouroirs, ou à se tourner vers des charlatans, par manque de moyens ».

Il y a tout juste deux ans, rappelle Fratmat.info, un article choc publié sur le site Le Monde Afrique, intitulé « Présidents africains, pourquoi ne restez-vous pas mourir au pays ? », avait braqué ses projecteurs sur cette réalité qui choque et exaspère les populations.

« La décision du Conseil des ministres du Niger est peut- être un premier pas pour améliorer les structures sa­nitaires dans le pays, et ainsi renoncer à un tourisme sa­nitaire de luxe réservé à une élite, qui coûte cher à la collectivité », conclut Fratmat.info.

Source : Assane Soumana (Onep– ahel du mardi 27 mars 2018)