Des mauvaises pratiques relevées dans la gestion de l’institution.
C’est conformément aux engagements pris lors de sa prise de fonction le 7 mai dernier consistant à donner des informations à chaque étape de l’administration provisoire et la situation de la société Asusu SA que son administrateur provisoire, a animé hier matin un point de presse.
Pour rappel, la feuille de route de l’administration provisoire comporte trois (3) étapes. Concernant la première étape, elle vise à prendre des mesures d’urgence pour arrêter la dégradation de la situation, et faire un pré diagnostic de la situation. Quant à la seconde étape, elle permet d’élaborer un plan d'affaires et procéder à la recherche de financements afin de relancer l’activité de la société ; tandis que la dernière étape consiste à renforcer éventuellement le capital de la société, et installer des nouveaux dirigeants de l’institution.
A l’entame de ses propos, M. Bachir Amadou a noté que la première étape qui est de deux (2) mois s’est terminée par la tenue de la réunion du comité de suivi mis en place par le ministre des Finances en vue de suivre les travaux de l’Administration provisoire. A cet effet, il a rappelé qu’à leur arrivée, la trésorerie de l’institution à Niamey était de huit (8) millions de FCFA dans les banques et de 650.000 FCFA dans les caisses. Selon lui, dans les 650.000 FCFA des caisses, il n’y a que 150.000 FCFA qui étaient utilisables. Il a dit avoir complété le salaire du mois d’Avril et tous les agents ont été payés le 11 mai. Il a été relevé que depuis le début de l’année 2017, les fournisseurs de la société n’ont pas été payés, soit une somme d’environ 180 millions de FCFA. Notons aussi que les échéances d’emprunt au niveau des autres banques au plan national et institutions financières au niveau de l’étranger, comme Coris Bank, BOAD, Eco crédit, n’ont pas été payées.
L’administrateur provisoire d’Asusu SA a indiqué que les impôts sur le traitement et le salaire n’ont pas été versés à l’administration fiscale ; les cotisations des agents à la CNSS n’ont pas été aussi versées. Ce qui expose le personnel au risque de non couverture sociale. Il a par ailleurs révélé une situation d’endettement excessif de l’institution.
A l’heure actuelle, l’encours est de 9 milliards de FCFA ; ils ont emprunté plus de 20 milliards de FCFA auprès des systèmes bancaires, le DAT est un peu plus de 10 milliards de FCFA ; le dépôt à vue était de l’ordre de 3 milliards de FCFA, aux côtés desquels on peut parler des crédits de 14 milliards, soit une différence de l’ordre de huit (8) milliards. Selon lui, dans une telle situation, on pouvait s’attendre à avoir en trésorerie un montant important dans les banques, les comptes, etc.
Par ailleurs, M. Bachir Amadou a précisé que Asusu SA est confronté simplement à un problème de gestion. Il a relevé, entre autres, un nombre pléthorique du personnel, notamment 254 agents permanents et 129 agents temporaires soit 383 personnes. L’administrateur provisoire de la société ASUSU SA a confié qu’il y a une grande banque de la place, à titre d’exemple, qui compte seulement 200 agents. Il devait souligner que le nombre pléthorique d’agents impacte les charges d’exploitation à hauteur d’un (1) milliard de FCFA par an. Il estime que le coût de ces charges est élevé pour une institution comme ASUSU SA. Notons que le taux de recouvrement est faible, fluctuant entre 4 et 5%.
Il a aussi révélé qu’il y a eu des détournements par les agents d’ASUSU SA à hauteur d’un milliard 400 millions de FCFA. Certains de ces agents sont en prison, d’autres sont dans les maisons qu’ils ont construites avec ses fonds. Il a avoué qu’ils vont tout régler avec le temps. « Tout celui qui vous dit que la situation d’ASUSU relève d’autres choses que du management, qu’il vous donne la preuve. Si la gestion a été très bien faite, on n’en serait pas là », a-t-il déclaré.
En outre, il a notifié que les comptes de la société arrêtés au 31 décembre 2017 ne sont pas encore sortis à fortiori d’être approuvés. C’est pourquoi, il a demandé une dérogation au président du Tribunal du Commerce par crainte d’être sanctionné, et cette dérogation a été accordée. Il a également témoigné que des actes individuels, qui peuvent être répressibles, ont été posés par les dirigeants de l’institution. Il dit que les dirigeants qui sont impliqués vont répondre de leurs actes.
Précisons aussi que les gens percevaient même des indemnités qui ne sont pas autorisées par le Conseil d’Administration, notamment les frais de téléphone de 150.000FCFA par mois. Il a été noté des mouvements importants dans des comptes individuels d’agents de la banque. Il a également cité le compte d’un dirigeant ayant enregistré des mouvements qui ont atteint un (1) milliard 308 millions de FCFA. « Nous avons également de remboursement des préfinancements, lesquels préfinancements auraient été faits par un dirigeant de la société. Ces préfinancements, dit-il, n’ont jamais été justifiés. « Nous avons cherché à justifier ; même quand on a cherché à les justifier par les documents, nous n’avons pas dépassé 40 millions de FCFA, alors que les remboursements vont au-delà », a expliqué M. Bachir Amadou.
Sur un tout autre plan, il a parlé de détournement d’objectif relativement aux fonds investis par des organismes pour aider le Niger à financer des crédits aux ruraux. Ces fonds ont été détournés en payant des échanges de prêt, de l’électricité, des salaires des dirigeants, etc. Ce qui n’est pas normal, a-t-il précisé. Ajoutons qu’un audit est actuellement en cours. Rappelant que la situation d’ASUSU SA est difficile, il a lancé un appel à l’Etat de l’accompagner dans toutes ses initiatives de recherche de financement, ainsi que les banques de la place, le personnel et la clientèle de soutenir les actions entreprises par l’administration provisoire pour sauver l’institution du naufrage.
Source : Onep.