Le représentant résident du Fonds Monétaire International (FMI) au Niger M. Mehmet Cangul a partagé jeudi 29 novembre dernier dans l'après-midi avec les autorités nigériennes les résultats d'un rapport intitulé « l'Afrique et le Niger : les tendances économiques. Cette analyse économique résulte d'un modèle propre à l'auteur mais qui s'inspire véritablement de la littérature économique.
Le modèle en question traite de façon globale de l'Afrique subsaharienne tout en mettant l'accent sur l'évolution de la croissance économique du Niger avec des perspectives qui sont bonnes pour les années à venir en dépit des risques sécuritaires. La présentation du rapport s'est déroulée dans la salle de conférence de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGT/CP) en présence du ministre des Finances M. Massoudou Hassoumi ; celui délégué au Budget, ainsi que plusieurs autres invités.
C'est un rapport de 15 pages qui débute avec une analyse des tendances économiques régionales tout en mettant en exergue le cas du Niger par rapport à ces tendances économiques régionales. En effet, les messages clés du modèle montrent la reprise de la croissance dans la région de l'Afrique subsaharienne, mais les risques de dégradation augmentent. La reprise est modeste dans les pays exportateurs de pétrole. Mais pour le Niger M. Mehmet Cangul précise que la situation devrait connaitre un optimisme encore plus élevé que d'autres pays riches en pétrole grâce à la mise en chantier des grands projets d'investissement et des politiques et reformes ambitieuses pilotées par le ministère des Finances. Par rapport au déficit budgétaire, le représentant résident du FMI au Niger note une tendance à la réduction pour le Niger. Cet effort du Niger est principalement dû à l'amélioration des dépenses et une mobilisation accrue des recettes.
Pour maintenir ce cap, M. Mehmet Cangul préconise au Niger la poursuite des reformes mises en œuvre dans le cadre du budget-programme qui répond aux préoccupations d'intégration sous régionale. A ce niveau, trois éléments apparaissent dans ce rapport. Il s'agit de l'approfondissement de l'intégration financière ; la promotion d'un système d'éducation flexible et la promotion d'un investissement privé surtout local. Ainsi, par rapport à l'approfondissement de l'intégration financière, le Niger s'est déjà inscrit dans un processus d'actualisation de sa stratégie en matière d'inclusion financière.
S'agissant de l'environnement de financement, le rapport relève le durcissement des conditions financières avec une hausse des écarts de taux d'intérêt des sorties de capitaux. Tandis que le Sénégal et la Côte d'Ivoire auront plus de difficulté à partir des données 2019 dans les marchés internationaux. Cette situation aura un impact sur les marchés régionaux de l'UEMOA.
En ce qui concerne la croissance, le représentant résident du FMI au Niger souligne que le Niger se compare très positivement par rapport autres pays de l'Afrique subsaharienne. On remarque que la croissance économique du Niger s'accélère d'année en année avec un taux de croissance de 4,8% en 2017 ; 5,2% en 2018. Toutefois, malgré un taux de croissance économique en nette évolution, il existe des risques notamment l'escalade des tensions commerciales entre les Etats Unis et la Chine même si ces tensions ne vont pas affecter considérablement le Niger. Le risque majeur pour le Niger est surtout lié à la sécurité. C'est la raison pour laquelle dans le budget du Niger, un montant important est affecté à la sécurité et au développement rural.
Quant à la dette publique, le risque d'endettement du Niger reste dans une situation positive selon le rapport même s'il y a une tendance à la hausse à partir de 2013 avant de se stabiliser en 2016. En revanche, beaucoup des pays de la région subsaharienne affichent un risque d'endettement élevé. Les performances du Niger s'expliquent par la mise en place des politiques publiques à même de tirer des ressources extérieures à travers des contrats de Partenariat Public-Privé (PPP). En termes de dette publique et de déficit budgétaire, le représentant résident du FMI M. Mehmet Cangul note que le Niger se comporte bien. L'ajustement budgétaire du Niger est remarquable avec des investissements étrangers directs et la naissance des entreprises locales.
Le rapport fait ressortir aussi des enjeux liés à la croissance, le dynamisme du secteur privé qui va assurer la soutenabilité de la mobilisation des recettes et des objectifs budgétaires. Le secteur privé doit s'accroitre très fortement à court et moyen termes pour absorber la main d'œuvre et augmenter le niveau de vie des populations. Le rapport fait aussi observations et des remarques au Niger pour améliorer ses performances économiques. A l'issue de cette présentation, le ministre des Finances a félicité le représentant résident du FMI pour ce travail original. «Ce travail est intéressant pour que nous discutions dans un autre cadre », a souhaité le ministre Massoudou Hassoumi.
Source : Le Sahel (Hassane Daouda - onep)