Le processus de la monnaie unique de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) constitue aujourd'hui pour les Chefs d'Etat des pays membres de l'organisation communautaire l'un des plus grands dossiers pour une affirmation réelle de l'intégration régionale. En effet, même si ce dossier a accumulé un certain retard, il n'en demeure pas moins que des progrès ont été accomplis avec la tenue le 17 décembre dernier à Niamey de la 4ème réunion du comité ministériel de la Task Force présidentielle sur le programme de la monnaie unique de la CEDEAO. Ce grand rendez-vous communautaire a été présidé par le ministre des Finances, M. Massoudou Hassoumi, par ailleurs président du comité ministériel en présence du président de la Commission de la CEDEAO, M. Jean-Claude Kassi Brou ; des gouverneurs des banques centrales de la communauté ainsi que des experts en la matière.
Au cours de cette réunion, le comité ministériel de la Task Force présidentielle sur le programme de la monnaie unique de la CEDEAO ont examiné et adopté les trois rapports soumis à son approbation. Il s'agit des rapports portant sur la 8ème réunion du comité technique ; les points relatifs à l'opérationnalisation du fonds spécial et le nom et le logo de la future monnaie de la CEDEAO ainsi que l'harmonisation du cadre de politique monétaire. Le comité ministériel a formulé également des recommandations relatives à un dispositif de suivi de mise en œuvre de la feuille de route révisée de la monnaie unique. En ouvrant les travaux de cette réunion, le ministre des Finances, M. Massoudou Hassoumi a précisé que cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la feuille de route révisée pour le programme de la monnaie unique de la CEDEAO, avec comme principale échéance 2020 pour la monnaie unique de la CEDEAO.
En outre, la quatrième réunion de la Task Force Présidentielle tenue le 24 octobre 2017 à Niamey, a fait un état de mise en œuvre de la feuille de route de la monnaie unique de la CEDEAO. Au regard de la faiblesse des résultats réalisés dans la mise en œuvre des activités de cette feuille de route, il était ressorti que l'échéance 2020 pourra être compromise. Pour y parvenir, a dit, le ministre des Finances, le Comité ministériel a été instruit par la Task force présidentielle à l'effet de tenir une réunion dans un délai de trois (3) mois, en vue de lui soumettre une nouvelle feuille de route garantissant le démarrage de l'union monétaire en 2020 et qui sera examinée lors de la 5eme réunion de la Task Force prévue en février 2018 à Accra. Ainsi, le travail du comité ministériel avait été examiné et adopté par l'instance décisionnelle lors de sa 5eme réunion tenue le 21 février 2018 à Accra. Par ailleurs, il a noté que l'adoption de la feuille de route révisée par la Task force Présidentielle était assortie par l'engagement des Chefs d'Etats et de Gouvernement à financer le programme de la monnaie unique par les Banques Centrales à hauteur de six (6) millions de dollars à travers la création d'un fonds spécial.
Pour sa part, le président de la Commission de la CEDEAO, M. Jean-Claude Kassi Brou a relevé que les récentes missions d'évaluation des performances des Etats membres conduites conjointement par la commission de la CEDEAO, l'Agence Monétaire de la l'Afrique de l'Ouest (AMAO) et l'Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest (IMAO) font ressortir une amélioration de la croissance économique de la région en 2018. « Les prévisions de croissance de notre région ressortiraient à 3% en 2018 contre 2,3% en 2017 suite à la consolidation du redressement de l'économie nigériane et l'accélération de la croissance économique dans les autres pays de la Communauté. En 2018, six (6) Etats membres de notre région enregistraient un taux de croissance supérieur à 6%. Les économies de la région montrent donc une résilience aux chocs exogènes et aux difficultés internes auxquelles elles sont confrontées notamment l'impact du changement climatique ; le terrorisme et l'extrémisme violent », a relevé Jean-Claude Kassi Brou. S'agissant de l'inflation, le président de la Commission de la CEDEAO a affirmé que la région devait connaitre une baisse des pressions inflationnistes avec un taux moyen qui se situait à 10% en 2018 contre 13,8 % un an plutôt. En ce qui concerne les résultats de l'exécution des opérations financières des Etats, le déficit budgétaire moyen de la CEDEAO passerait de 5,1% en 2017 à 5% en 2018. Ces résultats indiquent que des progrès ont été accomplis même si des efforts restent à faire pour les pays de la communauté afin de bâtir les fondements solides pour la future monnaie de la CEDEAO.
Il faut noter que les conclusions et les recommandations issues de la présente réunion seront soumises à l'appréciation de la conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de la région qui se tiendra le 22 décembre 2018 à Abuja au Nigeria.
Source : Le Sahel (Hassane Daouda - onep)