Une mission du Fonds Monétaire International (FMI) a séjourné au Niger du 29 octobre au 12 novembre 2019 dans le cadre à la 5ème revue du programme appuyé de Facilité élargie de crédit. La mission conduite par M. Christoph A. Klingen, chef du Département Afrique au FMI, a eu des discussions approfondies avec le ministre des Finances et son équipe, ainsi qu’avec plusieurs personnalités du pays et les représentants du secteur privé nigérien.
Au terme de cette mission du FMI, le ministre des Finances, M. Mamadou Diop et le chef de mission du FMI ont coanimé hier matin à Niamey, une conférence de presse au cours de laquelle les conclusions de cette mission ont été rendues publiques. Les deux personnalités ont aussi répondu à un certain nombre de questions posées par les journalistes. Cette conférence de presse s’est déroulée en présence du Représentant résident du FMI au Niger, M. Mehmet Cangul et des cadres centraux du ministère des Finances.
Dans les relevés de conclusions, la mission du FMI note que la mise en œuvre du programme de réformes du gouvernement a été satisfaisante malgré un environnement difficile. Quant à la croissance économique du Niger, elle est vigoureuse grâce à d’importants projets d’envergure lancés par le gouvernement. En outre, les autorités nigériennes et l’équipe du FMI ont abouti à un accord de principe pour l’achèvement de la 5ème revue du programme appuyé par la Facilité Elargie de Crédit. L’examen de la proposition par le conseil d’administration du FMI pourrait avoir lieu début janvier 2020.
Par ailleurs, la mission du FMI a relevé que le gouvernement reste fermement engagé à la mise en œuvre des réformes de son Plan de Développement Economique et Social 2017-2021.
Les efforts de réforme du gouvernement sont louables, et la mise en œuvre de son programme avec le FMI est satisfaisante. En outre, les conclusions de cette mission du FMI précise que la stabilité macroéconomique reste fermement établie, soutenue par une politique budgétaire prudente et une croissance vigoureuse. L’activité économique bénéficie du succès du gouvernement à attirer des investisseurs étrangers et de l’augmentation de l’appui des bailleurs de fonds, ainsi que de bonnes campagnes agricoles, malgré une situation sécuritaire tendue et la fermeture des frontières avec le Nigeria.
Selon le rapport de cette mission, la croissance devrait atteindre 6,3% cette année et dépasser en moyenne 7% sur les cinq prochaines années. La construction de l’oléoduc pour le pétrole brut et le démarrage attendu des exportations de pétrole en 2022 constituent une manne pour l’économie. La mission continuera à travailler étroitement avec les autorités nigériennes afin de concevoir des politiques qui maximisent les retombées des grands projets pour l’économie nigérienne.
S’agissant de la situation budgétaire, elle demeure dans l’ensemble satisfaisante et le déficit global devrait s’améliorer cette année pour respecter le plafond de 3% du PIB en 2020 fixé dans le cadre de l’UEMOA. Bien que la mobilisation des recettes reste un combat difficile, surtout compte tenu de la fermeture des frontières avec le Nigeria, les efforts de réforme du gouvernement et sa gestion prudente des dépenses assurent la solidité des finances publiques. La loi des finances 2020 marque une étape importante dans la création d’un espace budgétaire pour les dépenses prioritaires.
Ainsi, l’équipe du FMI a félicité les autorités pour d’avoir obtenu un accord pour la construction d’un oléoduc pour l’exportation de pétrole brut et le développement du gisement pétrolier associé. Les recettes budgétaires devraient augmenter d’au moins 2% du PIB à partir de 2022 et les fournisseurs et travailleurs locaux dans les activités liées au pétrole devraient également en bénéficier. La formalisation du secteur informel uniformise simultanément les règles du jeu et répartit le fardeau fiscal plus largement. La mission se félicite des efforts en cours pour améliorer la gouvernance, notamment le renforcement de la HALCIA, la demande de réintégration à l’ITIE, et de la perspective de renforcement du régime de déclaration des biens pour les agents publics de haut rang.
Environ 40 milliards de FCFA de recettes en moins à cause de la fermeture de la frontière avec le Nigeria.
Après la lecture du relevé des conclusions par le Représentant résident du FMI au Niger, M. Mehmet Cangul, le ministre des Finances M. Mamadou Diop et le chef de mission du FMI M. Christoph A. Klingen ont répondu aux questions des journalistes relativement à la fermeture des frontières du Nigeria et la qualité des dépenses. Par rapport à la fermeture des frontières du Nigeria, le ministre des Finances a reconnu que cette situation a impacté sur la mobilisation des ressources internes de l’Etat. « Le gouvernement a pris effectivement des dispositions pour minimiser les effets liés à cette fermeture des frontières du Nigeria. L’une des réponses du gouvernement par rapport à cette situation inattendue repose sur la mobilisation des régies financières afin de compenser cette baisse des recettes.
Autrement dit les régies financières vont proposer des mesures nouvelles permettant de faire d’ici la fin de l’année de mobiliser des ressources plus que prévues. Pour y arriver, des mesures de contrôle seront intensifiées pour recouvrer plus de recettes », a déclaré le ministre. M. Diop a ensuite notifié qu’on estime à une quarantaine de milliards de FCFA la baisse des recettes due à la fermeture des frontières du Nigeria. La seconde réponse réside, selon le ministre des Finances, dans la qualité des partenariats que le Niger entretient avec ses partenaires. « La qualité des rapports du Niger avec ses partenaires a fait en sorte que nous avons pu obtenir des ressources supplémentaires par rapport à ce qui était prévu dans le budget 2019. Une partie de ces ressources viendra compenser la baisse des recettes que nous subissons aujourd’hui.
J’ajoute aussi que la question est prise en compte au niveau le plus élevé avec la tenue dans quelques jours d’une réunion à Abuja entre le Niger, le Benin et le Nigeria afin d’examiner toutes les difficultés et trouver des solutions. Et nous espérons qu’après cette réunion, les frontières trouveront leur ambiance d’antan », a souhaité le ministre Mamadou Diop.
En ce qui concerne la qualité des dépenses, le chef de mission du FMI, M. Christoph A. Klingen a souligné qu’en dépit des efforts de mobilisation des ressources internes et l’appui budgétaire des partenaires extérieurs, les ressources du Niger sont encore maigres tandis que les besoins sont énormes. D’où la nécessite de prioriser les dépenses afin que celles-ci soient efficaces et efficientes. De ce fait, les allocations allouées aux différents ministères doivent être rationalisées. Et seule une planification rigoureuse permet effectivement d’avoir les résultats escomptés. Dans cette optique, le gouvernement doit s’assurer aussi de la rentabilité des investissements en faisant des études rigoureuses de faisabilité.
Source : Onep (Hassane Daouda).