La délégation de haut niveau conduite par le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, a eu une rencontre restreinte avec le gouvernement hier, avant d’animer une conférence de presse conjointe dans la grande salle du Palais des congrès de Niamey. La réunion restreinte a regroupé autour du Président de la République Issoufou Mahamadou et du Secrétaire général de l’Onu, la présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, le président du groupe de la Banque mondiale M. Jim Yong Kim, le président du groupe de la BAD, M. Donald Kaberuka, le Commissaire européen au développement Andris Piebalgs et certains membres du gouvernement. Au centre de ces échanges, la stratégie intégrée pour le Sahel proposée par les Nations Unies.
Cette stratégie vise à aider les pays du Sahel à prendre en charge les préoccupations sécuritaires et à soutenir leur développement économique. C’est le Chef de l’Etat qui a annoncé les couleurs lors de cette conférence de presse. ‘’Cette stratégie correspond à notre vision de ce que doit être le développement dans le Sahel, et ce que doit être la solution face aux menaces auxquelles les pays du Sahel sont confrontés’’ a dit SE. Issoufou Mahamadou. Du reste, l’identité des points de vue sur les défis au Sahel, est parfaite. ‘’Il est désormais établi qu’il y a une liaison étroite entre la sécurité et le développement’’ souligne le Président Issoufou. ‘’Nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir de développement sans paix et inversement, la paix ne saurait régner dans un environnement de pauvreté. Les deux doivent aller ensemble’’ soutient Ban Ki-Moon, Et le Secrétaire général de l’ONU d’assurer que la Stratégie intégrée pour le Sahel a eu l’approbation du Conseil de sécurité, mais aussi des partenaires de l’Onu tels que le FMI, la Banque mondiale et l’Union Européenne.
Ban Ki-Moon d’indiquer d’ailleurs que la Banque mondiale et l’Union européenne ont annoncé un appui de huit (8) milliards de dollars pour soutenir cette stratégie. Ce fonds sera géré par la Banque Africaine de développement (BAD), Chef de file du pool des partenaires pour la mise en œuvre de cette stratégie. Pour le Secrétaire général de l’ONU, cette démarche, témoigne de l’intérêt que la communauté internationale porte à la région du Sahel. ‘’La région du Sahel constitue une source de préoccupation pour le Conseil de Sécurité, et la situation vécue au Mali est là pour le rappeler’’ dit-il. Evoquant les attentes du Niger dans le cadre de cette stratégie, le Chef de l’Etat déclare‘’Nous espérons que la mise en œuvre de cette stratégie, permettra au Niger d’avoir accès à des ressources supplémentaires qui n’ont pas été annoncées lors de la table ronde de Paris sur le financement du Programme du Développement Economique et Social (PDES). Cela parce que nous avons besoin des ressources supplémentaires, en particulier dans le domaine de la sécurité’’ déclare Issoufou Mahamadou.
Le Président de la République d’ajouter que les grands objectifs de cette stratégie correspondent aux priorités que le Niger a définies dans le domaine de la sécurité, de la gouvernance politique, du développement notamment ce qui concerne l’Initiative ‘’3N’’ et les infrastructures et dans le domaine de la maitrise de la démographie et l’accès aux services sociaux de base (l’éducation, la santé et l’accès à l’eau des populations. ‘’Toutes ces priorités ont été déjà définies dans le Programme de la Renaissance et reprises dans le PDES’’ précise-t-il. Le message semble être clairement compris par le Secrétaire général de l’Onu. ‘’Nous devons coordonner nos efforts et nos actions. Nous devons traduire nos promesses en actes. Nous devons continuer à travailler ensemble pour aider les populations du Sahel à rétablir leur dignité’’ déclare Ban Ki-Moon. Pour le Secrétaire général de l’Onu, la communauté internationale est consciente de cet impératif. ‘’Nous sommes ici pour démontrer notre solidarité, la solidarité des Nations unies, la solidarité de la communauté internationale aux peuples et aux gouvernements des pays sahéliens qui ont beaucoup et longtemps souffert de la situation sécuritaire, humanitaire et à cause des violences et des violations des droits humains’’ affirme-t-il. Une démarche saluée par le Chef de l’Etat. ‘’L’intérêt de cette démarche, c’est que tous les partenaires qui ont des initiatives pour le Sahel vont mutualiser leurs efforts afin que cela puisse avoir une portée maximale’’ déclare le Président Issoufou Mahamadou. Autres sujets abordés au cours de cette conférence de presse, c’est le décaissement des fonds ainsi annoncés avec en ligne de mire la lenteur des procédures de décaissement.
Même si ils expliquent cette lenteur des procédures par des raisons de sécurité, tous les partenaires sont conscients de la nécessité d’accélérer le décaissement des fonds en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie intégrée pour le Sahel. ‘’Nous savons queles projets sont souvent lents. C’est pourquoi lors de la dernière réunion annuelle des gouverneurs du FMI et de la Banque mondiale, j’ai annoncé aux représentants des pays membres que nous allons essayer de faire en sorte que les prêts soient décaissés plus rapidement que d’habitude’’ a déclaré le président du groupe de la Banque mondiale. La Banque mondiale a déjà un accord avec le Niger, qui prévoit un décaissement de 800 millions de dollars dans les trois prochaines années. ‘’Nous avons décaissé au cours de cette visite, 1,5 milliard de dollars supplémentaires pour toute la région du Sahel’’ a annoncé M. Jim Yong Kim. Ces fonds visent à soutenir des projets dans l’agriculture, l’irrigation, la santé maternelle et infantile. ‘’Nous allons avoir des résultats positifs au cours des prochaines années. Et si il n’y a pas de résultats concrets, passez-moi un coup de fil Monsieur le Président; je veillerai à ce que cela soit réglé’’ a dit le président du groupe de la Banque mondiale. Une conviction qu’il fonde sur les engagements fermes du Chef de l’Etat. ‘’Je n’oublierai jamais les propos du Président Issoufou qui s’est engagé à lutter contre la mortalité maternelle et infantile et à protéger le Niger des chocs extérieurs’’a dit M. Jim Yong Kim.
Même si les organismes internationaux de financement ont des outils et des procédures particuliers notamment pour les pays touchés par les conflits ou les pays fragiles, le président du groupe de la BAD a exprimé l’intention des partenaires d’agir différemment dans la mise en œuvre de la stratégie intégrée pour le Sahel. ‘’Nous allons essayer de faire de notre mieux pour que dans notre réponse à la crise du Sahel, nous ne soyons pas dans l’habituel, dans l’inaction; nous voulons être proactifs. Nous voulons prendre les risques avec vous’’ a déclaré M. Donald Kaberuka. Le président du groupe de la BAD d’indiquer que c’est pour la première fois que les organisations internationales actives et opérationnelles en Afrique se retrouvent sous la bannière des Nations Unies pour dit-il ‘’agir au-delà des annonces et des effets d’annonces’’. Pour sa part, le Commissaire européen au développement a annoncé que l’Union européenne mettra cinq (5) milliards d’euros à la disposition des pays du Sahel pour la période 2014-2020 pour stabiliser la région et assurer son développement durable et inclusif. ‘’Cette somme est certes importante en guise de contribution, mais elle n’est pas suffisante au regard des défis qui attendent la région. C’est pourquoi, nous devons travailler ensemble pour augmenter la base de cet appui et réussir à faire face aux défis de sécurité et de développement de cette région’’ déclare M. Andris Piebalgs. Le Commissaire européen au développement de souligner l’exemplarité de leur coopération avec le Niger. En effet, rappelle-t-il, en 2011, l’UE a décaissé 64 millions d’euros, 124 millions d’euros en 2012 pour la seule ligne du FED, et environ 200 millions d’euros, toutes les lignes comprises. M. Andris Piebalgs d’annoncer qu’il procédera dans la soirée d’hier même à la signature d’une convention de 181 millions d’euros, destinés notamment au financement des infrastructures routières. En outre, la question de la démographie et la situation des femmes a été abordée au cours de cette conférence de presse.
La présidente de la Commission de l’Union africaine a, à cet effet, fait un plaidoyer. ‘’Les femmes dit-elle représente plus de 50% de la population au Niger, en Afrique et dans le monde. Il est important que leurs droits soient respectés. Mais cela ne veut pas dire se battre avec les hommes, elles doivent avoir la possibilité de participer et de contribuer au développement de leurs pays’’déclare Mme. Nkosazana Dlamini Zuma. ‘’Je pense que les institutions financières doivent agir dans ce sens pour aider les femmes à avoir accès aux intrants et accroître leur production. Les législateurs africains doivent aussi agir dans ce sens’’ ajoute-t-elle. La présidente de la Commission de l’Union africaine a en outre, évoqué les autres défis qui se posent à l’émancipation des femmes ; il s’agit entre autres de l’accès aux services sociaux de base, la participation à la vie politique, etc. Au terme de cette conférence de presse, les membres de cette délégation de haut niveau n’ont pas caché leurs sentiments suite à cette visite. ‘’Je suis très content d’être au Niger en compagnie d’une délégation éminente ; je remercie le Président et le peuple du Niger pour leur accueil chaleureux’’ a dit le Secrétaire général de l’ONU qui a saisi cette occasion pour présenter ses condoléances les plus sincères aux familles des Nigériens qui sont tragiquement morts dans le Sahara.‘’Je n’oublierai pas cette expérience du Niger. Cette visite nous a permis de comprendre ce qu’est le Niger et j’espère que le monde entier comprendra ce qu’est ce pays’’ a dit M. Jim Yong Kim. ‘’Nous quittons ici très encouragés par votre leadership et nous sommes là pour vous épauler pour assurer un avenir meilleur aux générations futures’’ déclare pour sa part Donald Kaberuka. Siradji Sanda
SOURCE: www.lesahel.org