Le conseil d’administration du FMI achève la sixième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit et la deuxième revue au titre de l’accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité, et conclut les consultations de 2024 au

  • Le conseil d’administration du FMI a conclu aujourd’hui les consultations de 2024 au titre de l’article IV avec le Niger et a achevé la sixième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) ainsi que la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), ouvrant ainsi la voie à un décaissement immédiat cumulé d’environ 51 millions de dollars au titre de la FEC et de la FRD.
  • Une reprise vigoureuse est attendue, avec une croissance du PIB estimée à 8,8 % en 2024, grâce à la production pétrolière. En 2025, la croissance économique devrait rester forte à 7,9 %, portée par les exportations de pétrole en pleine capacité et le retour à la normale prévu au niveau des chaînes d’approvisionnement et des activités transfrontalières avec le Bénin.
  • Les risques de surendettement extérieur et global du Niger sont jugés élevés, bien que la dette reste viable à moyen terme. Les perspectives portent cependant des risques à la baisse.
  • En ce qui concerne l’accord FEC, les résultats étaient mitigés jusqu’à fin septembre. Deux des trois critères de réalisation ont été respectés ; toutefois, seuls deux des six objectifs indicatifs ont été atteints. Pour ce qui est de l’accord au titre de la FRD, les trois mesures de réforme relevant de cette revue ont été mises en œuvre.

Washington. Aujourd’hui, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu les consultations de 2024[1] au titre de l’article IV avec le Niger. Il a également achevé la sixième revue du programme économique et financier du Niger appuyé par l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). L’accord au titre de la FEC en faveur du Niger a été approuvé le 8 décembre 2021 (voir PR 21/366) et complété par l’accord au titre de la FRD en juillet 2023 (voir PR 23/256). L’achèvement des revues permet le décaissement immédiat de 13,16 millions de DTS (environ 17 millions de dollars) au titre de la FEC, ce qui porte le total des décaissements au titre de la FEC à 171,08 millions de DTS (environ 227 millions de dollars) – et de 25,662 millions de DTS (environ 34 millions de dollars) au titre de la FRD, ce qui porte le total des décaissements au titre de la FRD à 59,88 millions de DTS (environ 78 millions de dollars).

Le conseil d’administration a également achevé les consultations de 2024 au titre de l’article IV avec le Niger. Depuis l’achèvement des dernières consultations au titre de l’article IV en 2022, les autorités ont progressé dans l’adoption d’un certain nombre de recommandations clés et ont fait avancer leur programme de réformes. Néanmoins, le Niger demeure confronté à d’immenses défis en matière de développement, accentués par la fragilité, les conflits dans le Sahel et la vulnérabilité aux chocs climatiques.

À l’issue des délibérations du conseil d’administration, M. Okamura, directeur général adjoint et président par intérim du conseil d’administration, a fait la déclaration suivante :

Le Niger bataille toujours avec des niveaux élevés de fragilité et de conflit, qui sont exacerbés par les chocs climatiques. L’instabilité politique et les sanctions qui ont suivi la prise de pouvoir de l’armée en juillet 2023 ont gravement et durablement affecté la situation économique et sociale. Malgré certains vents contraires, une reprise vigoureuse est attendue, avec une croissance du PIB estimée à 8,8 % en 2024, stimulée par le démarrage des exportations de pétrole, la levée des sanctions et l’augmentation de la production agricole.

La croissance économique devrait rester forte à 7,9 % en 2025, portée par une production pétrolière en pleine capacité et le retour à la normale prévu au niveau des chaînes d’approvisionnement et des activités commerciales transfrontalières avec le Bénin. Étant donné les résultats favorables attendus sur le plan agricole, les pressions inflationnistes devraient progressivement s’atténuer. Les risques pesant sur les perspectives sont toutefois orientés à la baisse.

Bien qu’il soit attendu une baisse du déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2025, le Niger continue de connaître une pénurie de financement, couplée à une forte dépendance à l’égard des financements régionaux coûteux. Le secteur bancaire subit des tensions au niveau des liquidités et les risques pour la stabilité financière ont augmenté.

Les risques de surendettement extérieur et global du Niger sont élevés, bien que la dette reste viable à moyen terme. Au sujet de la dette intérieure, les risques de refinancement sont particulièrement élevés.

En ce qui concerne l’accord au titre de la FEC, les résultats étaient mitigés jusqu’à fin septembre. Deux des trois critères de réalisation ont été respectés, cependant, seuls deux des six objectifs indicatifs ont été atteints. Des progrès notables ont été accomplis dans la mise en œuvre des repères structurels, notamment l’intégration du Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie (FSSP) dans le budget 2025, l’adoption d’une stratégie de gestion des recettes pétrolières et la révision du Code général des impôts (CGI). Pour ce qui est de l’accord au titre de la FRD, les trois mesures de réforme relevant de cette revue ont été mises en œuvre.

Pour répondre durablement aux besoins de développement, il est essentiel de mettre en œuvre des politiques qui permettent d’utiliser efficacement les ressources naturelles du pays, d’élargir la marge de manœuvre budgétaire en mobilisant les recettes intérieures, d’améliorer l’efficience des dépenses, de gérer les risques budgétaires et de réduire la vulnérabilité aux chocs. En outre, il est primordial d’accroître la contribution du secteur privé à la croissance, notamment en redoublant d’efforts pour renforcer la stabilité et la solidité du secteur financier et s’attaquer aux arriérés au titre du service de la dette. Il est également indispensable de faire progresser les cadres de transparence et de lutte contre la corruption pour remédier aux facteurs de fragilité et améliorer le climat des affaires.

Évaluation par le conseil d’administration[2]

Les administrateurs souscrivent globalement à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Tout en prenant bonne note de la forte reprise attendue à court terme et des perspectives favorables à moyen terme, les administrateurs soulignent que des difficultés importantes subsistent et que les risques sont plutôt baissiers. Le Niger continue d’être affecté par une pénurie de financement, qui est couplée à une forte dépendance à l’égard des financements coûteux du marché régional et à des risques de refinancement de la dette intérieure. Le secteur bancaire est aussi sous pression, miné par des gros problèmes de liquidité et des risques élevés pour la stabilité financière. La frontière avec le Bénin reste fermée, et les risques de surendettement extérieur et global sont passés de modérés à élevés. Dans ce contexte, et compte tenu des résultats contrastés du programme et des graves problèmes de gouvernance dans un environnement sociopolitique et sécuritaire fragile, les administrateurs ont demandé instamment la mise en œuvre résolue de politiques macroéconomiques saines et de réformes structurelles. Ce redoublement d’efforts, soutenu par un soutien au renforcement des capacités, aiderait le Niger à sortir de la fragilité et à se placer fermement sur une trajectoire de croissance diversifiée, soutenue, inclusive et résiliente.

Les administrateurs soulignent qu’un rééquilibrage budgétaire fondé sur les recettes est essentiel pour créer une marge de manœuvre permettant de répondre aux besoins de développement du pays tout en préservant la viabilité de la dette. Ils appellent à faire constamment progresser la mobilisation des recettes intérieures et à adopter un cadre de gestion des recettes pétrolières. Les administrateurs insistent également sur la nécessité d’améliorer la qualité et l’efficience des dépenses publiques, notamment en soutenant de manière plus ciblée les groupes vulnérables. Ils mettent en évidence l’importance de maintenir une politique d’endettement prudente, étayée par un plafonnement à zéro de la dette extérieure non concessionnelle. Les administrateurs ont également appelé à une mise en œuvre rigoureuse du plan révisé d’apurement des arriérés pour rétablir la confiance du public et soutenir la reprise économique.

Les administrateurs encouragent les autorités à mettre en œuvre des mesures visant à remédier aux vulnérabilités du secteur financier et à promouvoir l’inclusion financière. Il sera essentiel d’apurer rapidement les arriérés du service de la dette intérieure, de remédier aux retards de paiement des fournisseurs du secteur public et de mettre en œuvre des plans de recapitalisation pour consolider le bilan des banques.

Les administrateurs insistent sur l’importance de renforcer la gouvernance, les efforts de lutte contre la corruption et la gestion des finances publiques. À cet égard, ils soulignent que d’importantes mesures devraient être prises pour garantir l’indépendance de la cour des comptes, publier le rapport diagnostic du FMI sur la gouvernance et renforcer la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Des réformes visant à améliorer le climat d’investissement et à favoriser le développement du secteur privé sont également nécessaires pour rehausser les perspectives de croissance.

Les administrateurs félicitent les autorités pour les progrès réalisés dans le cadre du programme du FMI et notent que les réformes mises en œuvre commencent progressivement à porter leurs fruits. Compte tenu des contraintes, il sera crucial de déployer intégralement les activités de développement des capacités prévues pour poursuivre la mise en œuvre des réformes. Il sera également essentiel de surmonter les obstacles limitant l’accès au financement de l’action climatique.

La prochaine consultation au titre de l’article IV devrait avoir lieu conformément à la décision du conseil d’administration sur le cycle des consultations pour les pays membres ayant conclu un accord avec le FMI.

Tableau 1 Niger 01

Tableau 1 Niger 02

Tableau 1 Niger 03

 

 Tableau 1 Niger 04

Tableau 1 Niger 05

Tableau 1 Niger 06

Source : https://www.imf.org/fr/News/Articles/2025/01/22/pr25014-niger-imf-completes-6th-rev-under-ecf-arr-and-2nd-rev-under-rsf-arr-concl-2024-aiv-consl