Les députés ont examiné et adopté, à la séance plénière d'hier, la 1ère rectification à la loi des Finances (LF) 2012. Aux termes de cette modification, le Budget général 2012 de l'Etat du Niger s'équilibre en recettes et en dépenses à la somme de 1307 milliards 157 millions 854 mille 811 FCFA, soit une hausse de 44,79 milliards de francs CFA par rapport au budget initial adopté par l'Assemblée, il y a 5 mois.
Selon le rapport de la Commission des Finances et les explications du ministre Gilles Baillet, qui intervenait avant l'adoption de la loi rectificative, cette modification se justifie par : la prise en compte de nouvelles ressources que le Niger a obtenues de ses partenaires extérieures, notamment l'UE , le FMI, la Banque mondiale, la BAD ; la prise en compte du contexte sécuritaire sous régional ''qui exige la dotation des Forces de Défense et de sécurité en moyens matériels supplémentaires, devant leur permettre de conduire plus efficacement leur mission de sécurisation des personnes et des biens ; les résultats définitifs de la campagne agricole 2011-2012, affichant un déficit céréalier et fourrager important, qui impose la poursuite de la mise en œuvre des programmes d'urgence dans les secteurs pastoral, agricole, hydraulique, environnemental et alimentaire; le réajustement des crédits destinés à la prise en charge de l'incidence financière des mesures d'augmentation des rémunérations des agents de l'État décidées par le Gouvernement, notamment etc.
Donc, par rapport au budget voté il y a 5 mois, les recettes ont augmenté de plus de 44 milliards de FCFA, mais il faut aussi signaler que la modification a porté, au niveau des dépenses, sur une annulation de plus de 52 milliards de FCFA. Annulation qui touche en gros les parties dépenses de fonctionnement, dette publique, investissements exécutés par l'Etat et dette publique. C'est d'ailleurs ces annulations de ressources qui ont eu pour conséquences de léser des investissements dans certains ministères comme celui de la Justice et de la Santé, et que les députés ont fustigées pendant les débats généraux sur le texte de loi. Ils se sont élevés notamment contre l'annulation de 200 millions de crédits à la rubrique alimentation des détenus.
Les députés ont estimé que c'est le type de coupe sombre qui n'arrange pas l'image de l'Etat du Niger qui s'est inscrit résolument dans une gouvernance de défense des droits humains. En effet, cela reviendrait à prêter le flanc aux Associations et ONG, dont certaines ont toujours estimé que les prisonniers sont peu ou mal nourris, à décrier davantage le régime carcéral nigérien. Les députés se sont ensuite élevés contre l'annulation de plus de 300 millions de crédits devant servir au parachèvement du Centre de traitement du cancer toujours en chantier.
L'argument ici est que ce chantier, qui est toujours en souffrance, est celui d'une infrastructure médicale qui porte toute l'espérance sur la lutte contre un fléau moderne à savoir le cancer, notamment le cancer féminin qui augmente chaque année au Niger de 2000 nouveaux cas depuis 2004. Plus grave, en retardant l'échéance de construire ce centre de traitement du cancer, le Niger perd chaque année le bénéfice de plus d'un milliard de subvention de la communauté internationale. Toujours au ministère de la Santé ; les députés se sont attristés de la diète que connait cette année le Programme de lutte contre le paludisme faute des 800 millions qu'il réclame pour mieux lutter contre ce fléau qui fait des milliers de morts chaque année au Niger.
Le ministre Gilles Baillet a répondu que toutes les préoccupations soulevées par les députés seront prises en compte et corrigées à travers des mesures de transferts courants au niveau des ministères et rubriques concernés. Cependant, les députés ont été unanimes à saluer le redéploiement davantage de crédits sur les fronts de la lutte contre l'insécurité alimentaire et celui de la sécurité dans la sous région par la mise à disposition, du Ministère de la Défense, des ressources de plus de 40 milliards. Ils ont aussi recommandé au Gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour que les opérations, au titre de la sécurité alimentaire pour lesquelles plusieurs milliards ont été inscrits, puissent être menées de façon à couvrir les besoins des populations durant la période critique dite de soudure.
Cependant, comme on pouvait s'y attendre, le groupe parlementaire ARN de l'opposition a appelé ses membres à s'abstenir de voter cette loi rectificative contre laquelle elle a formulé des griefs de manque de réalisme dans les prévisions, et aussi par rapport à la mesure fiscale de la taxe intérieure sur les produits pétroliers qu'elle estime injuste et injustifiable. Quant aux groupes parlementaires de la majorité, ils ont unanimement appelé à voter cette première rectification qui est amplement justifiée par le contexte de la sécurité alimentaire et de la sécurité tout court. Le texte a été voté par 79 voix pour, 0 voix contre et 24 voix abstention.
SOURCE: www.lesahel.org