Les Politiques macroéconomiques de plusieurs pays africains ont été analysées dans une étude intitulée : Perspectives économiques en Afrique - Édition régionale / Afrique de l'Ouest © BAD, OCDE, PNUD 2014. Cette étude a porté notamment sur la politique budgétaire et monétaire, celle de la dette ainsi que la Coopération économique, et le commerce dans ces pays.
En ce qui concerne le Niger, l'étude indique qu'en matière de politique budgétaire, « l'exécution des finances publiques en 2012 et 2013 a été marquée par deux lois de finances rectificatives. En 2013, un premier réaménagement du budget est intervenu en mai pour prendre en compte les ressources additionnelles d'une émission d'obligations du Trésor d'un montant de 50 milliards XOF (Franc CFA BCEAO) et d'appuis des partenaires au développement ». La deuxième révision du budget opérée en septembre visait, selon l'étude à intégrer les mesures d'ajustement des dépenses de sécurité et des salaires suite à la création de nouveaux départements ministériels.
Le document relève que les recettes fiscales se sont situées à 15.3 % du PIB en 2013 contre 14.5 % du PIB en 2012, en dessous toutefois du minimum de 17 % retenu dans les critères de convergence de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). « Cette amélioration reflète les efforts fournis par le gouvernement pour renforcer la mobilisation des recettes, à travers notamment la hausse de la taxe spéciale de réexportation sur le riz et de la taxe d'apprentissage, ainsi que la mise en œuvre de réformes au niveau des régies financières », indique la même source.
Celle-ci relève également qu'en raison de la poursuite des investissements publics, le poste dépenses publiques et prêts nets a vu sa part dans le PIB passer de 23.3 % en 2012 à 24.8 % en 2013. Toutefois, l'étude fait ressortir que « les mesures de renforcement de la sécurité des frontières du pays et la participation à l'intervention militaire au Mali ont entraîné une augmentation des dépenses militaires au détriment des dépenses sociales ». Et que, « la masse salariale s'est également accrue en lien avec les besoins de fonctionnement de l'administration et le renforcement de la sécurité ». Pour autant, indique le document, le ratio masse salariale sur recettes fiscales, 33.1% en 2013, est resté sous le seuil communautaire de 35.0%. Le solde budgétaire global s'établit à 0.1% du PIB; un résultat positif qui s'explique par l'accroissement des dons.
En 2014 et 2015, poursuit la même source, le gouvernement nigérien poursuivra une politique budgétaire axée sur le PDES et l'initiative 3N. « Cette politique devrait bénéficier d'une augmentation des recettes tirées des secteurs minier et pétrolier grâce aux mesures mises en place au niveau des régies financières » indique t-elle en précisant parmi ces mesures, le dédouanement sur la base de la valeur transactionnelle et non plus sur les valeurs administratives et une meilleure maîtrise des exonérations.
Maîtrise de l'inflation
Dans le domaine monétaire, l'étude indique qu'au Niger où, le taux annuel moyen est de 1.9% (0.5% en 2012) en 2013, l'inflation est restée sous la norme communautaire de 3.0%. « Les effets positifs de la bonne campagne agricole 2012/13 et de la baisse des prix des hydrocarbures intervenue début 2013 ont permis de maintenir l'inflation à un niveau modéré », précise le document, qui ajoute que « les actions sociales menées par l'État, à travers les distributions gratuites de vivres aux plus pauvres et les ventes de céréales à prix modérés, ont également contribué à contenir les pressions inflationnistes ». En somme, l'inflation est maitrisée au Niger et selon l'étude, en 2014 et 2015, elle « devrait rester en dessous de 3.0%, grâce à une meilleure production des cultures irriguées, à la maîtrise des prix des hydrocarbures et l'intensification de la concurrence dans les secteurs des transports et des télécommunications ». Toutefois, souligne le document, la baisse de la production agricole 2013/14 et la vulnérabilité aux chocs climatiques constituent des risques, incitant le gouvernement et la Banque centrale à être vigilants pour maitriser le niveau général des prix.
Relativement aux échanges extérieurs, l'étude relève une stabilisation de la situation en 2013, « reflétant la baisse des performances dans le secteur minier et le ralentissement des importations ». La même source indique également que le déficit du compte courant a atteint 15.2% du PIB contre 15.1% du PIB en 2012. Les exportations de biens sont passées de 22.1% du PIB en 2012 à 21.9% en 2013. Elle déduit que le recul des ventes d'uranium et d'or est lié aux difficultés rencontrées par les sociétés de production. Et que les importations, soutenues notamment par les achats de biens d'équipements pour les projets miniers, ont diminué à 28.1% du PIB contre 28.5% en 2012, en raison d'une baisse des achats de produits alimentaires.
En précisant que le déficit du compte courant est financé par des entrées nettes de capitaux publics et privés, le document annonce qu'en 2014 et 2015, le compte courant devrait progressivement s'améliorer grâce à l'accroissement de la production de pétrole raffiné dont une partie est destinée à l'exportation et une hausse des livraisons d'uranium et d'or. Il est toutefois important indique t-il de poursuivre les efforts de modernisation de l'agriculture et de l'élevage qui sont pourvoyeurs de produits d'exportation. « Il s'agit aussi d'accélérer la diversification de l'économie afin d'éviter une forte dépendance au secteur minier et pétrolier et réduire le risque de syndrome hollandais », note l'étude. Pour elle, le Niger participe aux efforts d'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, mais ne s'est pas encore doté d'une politique nationale en la matière. «Le pays participe aux concertations en cours sur les Accords de partenariats économiques et la mise en place du tarif extérieur commun (TEC) à cinq bandes de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Son commerce intra-régional reste marginal, malgré un potentiel important qu'il convient d'exploiter, notamment dans les domaines agricole et de l'élevage, et aujourd'hui dans le secteur pétrolier » affirme la même source.
L'étude sur les Perspectives économiques en Afrique 2014, a aussi abordé la question de la dette. A ce niveau, elle souligne qu'au Niger, les ratios d'endettement se sont sensiblement améliorés après l'allégement consenti au titre de l'Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) et de l'Initiative d'allègement de la dette multilatérale (IADM). « Toutefois, depuis 2011, la dette publique s'est accrue. Selon l'analyse de la viabilité de la dette, réalisée par le Fonds monétaire internationale (FMI) et la Banque mondiale, le stock de la dette publique, y compris la dette intérieure, est passé de 17.0% en 2010 à 22.8% en 2011, à 24.0% en 2012 et à 33.5% en 2013. La dette extérieure privée représente 22.5% du PIB en 2013 » indique la même source. Celle-ci relève toutefois que, « en dépit de l'accroissement de la dette, le niveau d'endettement extérieur reste encore bien en dessous de la limite maximale de 70% fixée au niveau communautaire ».
D'après l'étude, « le pays devra donc pour les années à venir observer une politique prudente de gestion de la dette en recourant aux financements concessionnels ». Elle annonce aussi que les autorités envisagent d'établir une cellule, au sein du ministère des Finances, chargée de gérer l'ensemble de la dette intérieure et extérieure. « Les propositions de nouveaux emprunts et garanties, y compris dans le secteur des ressources naturelles, devraient être soumis à ce comité national de gestion de la dette ».
La préservation de l'environnement occupe une place de choix dans l'agenda de développement du pays indique l'étude. Celle-ci précise que, outre les 3N, la concrétisation de programmes y compris au niveau régional, ont permis des avancées en matière de protection d'aires sensibles, d'adaptation au changement climatique, de promotion des énergies renouvelables, etc.
Au plan social, le document relève qu'au Niger, les conditions de vie des populations se sont améliorées, mais des progrès restent à faire. Parlant de l'indicateur de développement humain (IDH), il affirme qu'il a légèrement progressé (0.304 en 2013 contre 0.297 en 2012) mais demeure faible. L'étude note toutefois que ce classement masque les progrès en matière de conditions sanitaires, obtenus à la faveur de la mise en œuvre du Plan de développement sanitaire (PDS 2011-15).
I. Fatouma (Source : Perspectives économiques en Afrique 2014)SOURCE: www.lesahel.ne